RÉOUVERTURE DU MUSÉE D’ART MODERNE DE PARIS. Le nouveau parcours des collections, « La vie moderne ».
L’État et la ville de Paris voulaient se doter d’un musée d’art moderne. C’est ainsi qu’est créé en 1937 le Palais de Tokyo, avec ses deux ailes, une pour chacun des commanditaires. L’État y installe le Musée d'art moderne national en 1947, avant de le transférer au Centre Pompidou en 1977, tandis que la Ville de Paris attend 1961 pour y installer son propre Musée d'art moderne. Pour ce faire, d’importants travaux furent nécessaires, en particulier pour exposer la gigantesque composition de 600 m2 de Raoul Dufy, la Fée Électricité, offerte par Électricité de France, les grandes décorations de Robert et Sonia Delaunay, Albert Gleizes et Jacques Villon, dons du Salon des réalités nouvelles en 1939, et les œuvres majeures de Matisse, Bonnard, Delaunay, Derain, Léger, Lhote, Vuillard acquises dès 1937.
Depuis sa création, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris a connu de grandes phases de travaux successives (1961, 1972, 1994, 2006). La plus récente, commencée en 2015 avec la restauration des sculptures du bassin du parvis s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui et devrait se terminer en 2020 avec la rénovation des bas-reliefs du bassin du parvis. Malgré ces travaux, le musée n’a jamais cessé d’accueillir le public, en alternance entre les expositions temporaires et les collections permanentes. Le 11 octobre 2019, les visiteurs pouvaient admirer le hall d’accueil, entièrement repensé par les architectes, et déambuler de nouveau dans la totalité du musée, où l’on avait deux expositions temporaires dont « Hans Hartung, la fabrique du geste » (Lettre 494) et un nouveau parcours des collections permanentes.
Grâce à une cinquantaine de généreux donateurs comme Vollard, Girardin, Amos, Henry-Thomas au siècle dernier et près d’une centaine depuis l’an 2000, le musée est riche de plus de 10 000 œuvres. C’est d’ailleurs le legs de plus de 500 œuvres de tout premier plan par le docteur Girardin, en 1953, qui décida la ville de Paris de faire un musée d’art moderne dans son aile du Palais de Tokyo, afin de soulager les cimaises du Petit Palais. Jusqu’alors elle n’utilisait cette aile que pour des manifestations temporaires.
Le nouveau parcours présente plus de 500 œuvres majeures sous le thème de « La vie moderne ». Il commence par les grandes décorations mentionnées ci-dessus puis se déploie selon une présentation chrono-thématique en 14 sections, sans compter celle des dernières acquisitions. On commence ainsi avec les « Fauves et les cubistes », « L’École de Paris », « Giorgio de Chirico », « Dada et le surréalisme », « Autour de Fautrier », le « Réalisme », les « Abstractions », pour finir avec des titres tels que « L’homme nouveau », « Le renversement des valeurs », « Un art radical » ou encore « Ranimer la peinture », thèmes imaginés par Fabrice Hergott, le directeur, et son équipe de commissaires.
Ce parcours est très équilibré. Dans la première partie, on a un aperçu très complet des grands courants du XXe siècle avec des artistes tels Picasso, Matisse (dont on peut admirer deux de ses trois versions de La Danse, à la sortie du parcours), Braque, Derain, Dufy, Freundlich, Ernst, de Chirico (legs de 61 œuvres en 2011) et bien d’autres que l’on retrouvera dans le parcours en images accompagnant cet article.
Dans la seconde partie, on trouve des œuvres de la plupart des artistes contemporains, nous permettant d’avoir une bonne idée de l’évolution de l’art depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Parmi les œuvres les plus récentes, nous retrouvons celles d’artistes exposés en ces lieux, dont nous avons rendu compte, tels que Pierre Soulages, A.R. Penck, André Cadere, David Altmedj, Markus Lüpertz pour n’en citer que quelques-uns. Tous ces artistes remettent en question le geste artistique et la création picturale. Nos descendants verront ce qu’il en restera au siècle prochain. D’ici là, apprécions ce parcours original et agréablement présenté dans les vastes salles, bien éclairées, de cette aile entièrement réaménagée du Palais de Tokyo. R.P. Musée d’Art Moderne de Paris 16e. Lien : www.mam.paris.fr.